« Un véritable contre la montre par équipes ! » C’est en ces termes que Jérôme Amann s’est exprimé juste après avoir franchi la ligne d’arrivée, exténué, ruisselant d’un mélange de sueur et de poussière rouge, pour qualifier l’intensité de l’effort qu’il venait de fournir après une nouvelle démonstration de force de l’équipe marocaine, même si elle a abandonné la victoire finale au belge Lionel Syn.
Avant le départ de cette 3ème étape disputée sur 126 km entre Orodara dans le sud-ouest du pays, et Bobo Dioulasso, un vent de soulagement a parcouru la caravane du Faso à l’annonce de la rectification du classement général de la veille, pour le moins fantaisiste. Mais la lecture de la nouvelle mouture n’a fait que renforcer le malaise existant, allant jusqu’à provoquer l’hilarité de certains. Si les places respectives de Tomasi et Schnell semblent à peu près conformes, en revanche les retards de Wolff (49’), Amann (1h01’), Cavalier (1h01’) et Navarro (1h38’) relèvent de l’imaginaire pur. La Direction de course a promis la fin de cette phase de flottement pour très bientôt…
Mais aujourd’hui comme hier, la course du jour est vite revenue au centre des débats. Les 70 premiers kilomètres donnent lieu à de multiples attaques, toutes contenues par les équipiers du maillot jaune : Mouhcine Lahsani, également leader du classement par points et de celui du meilleur jeune. La chaleur revient progressivement sur le Faso 2009, après 24h de fraîcheur inhabituelle mais bienfaisante, amplifiée par un nuage permanent de vapeurs de gasoil émis par des véhicules suiveurs cacochymes, rebaptisés « France au revoir » par les burkinabés qui soulignent avec humour le fait qu’il s’agit là de rebuts de la société de consommation, qui retrouvent ici une seconde voire une 3ème « jeunesse ».
L’étape s’anime enfin à l’entrée de Bobo Dioulasso, où les coureurs doivent effectuer 5 tours d’un circuit de 10 km dans les rues de la ville avant d’en finir.
A 3 tours et demi de l’arrivée, un groupe d’une dizaine de coureurs se détache, au sein duquel Navarro et Amann réussissent à prendre place. Quelques kilomètres plus loin, ils sont rejoints par le maillot jaune en personne, la délégation marocaine êtant alors forte de 5 unités. Elle imprime une cadence folle qui dissuade les initiatives de contre-attaque au sein du peloton, rapidement rejeté à plus de 2’, et épuise ses adversaires du groupe de tête. Ainsi, J. Amann et J. Navarro avoueront avoir été poussés au maximum de leurs possibilités, écoeurés par l’apparente facilité des lions de l’Atlas.
La longue côte qui précède l’arrivée rend le spectacle très attrayant pour les milliers de personnes massées au bord de la route, qui peuvent ainsi observer de très loin les péripéties de la course. La foule est immense, se presse pour voir passer les coureurs tandis que la frénésie est à son comble au sein des voitures suiveuses. L’accident guette et le véhicule des Alsaciens est à 2 doigts de percuter un spectateur.
Navarro, bien remis de son coup de chaud du premier jour, tente crânement de prendre part au sprint final, mais l’expérimenté Lionel Syn ne rate pas l’occasion d’ajouter une nouvelle ligne à son impressionnant palmarès sur le Faso. Navarro finit aux environs de la 10ème place. Mickaël Schnell et Julien Tomasi accusent un retard de quelques minutes et constatent, dépités, la supériorité insolente des marocains. Ils regrettent par ailleurs vivement d’avoir manqué leurs retrouvailles avec Lionel Syn, qu’ils ont déjà battu à 3 reprises, en souhaitant que ce ne soit que partie remise.